analyse technique


18 MARS 2021 - ETUDE CLIMATIQUE SUR LE NOMBRE DE JOUR DE VENT DANS LA LOIRE

 

Vous êtes nombreuses et nombreux à avoir le ressenti que les épisodes de vent modérés à forts sont plus nombreux que ces dernières années. Le ressenti des uns et des autres étant souvent très tronqué et pas souvent la réalité sur le terrain, nous avons donc décidé de mener notre enquête et de découvrir si statistiquement parlant, ces épisodes de vent sont réellement plus nombreux par rapport aux années antérieurs.

 

Pour cela, nous avons étudié les relevés météorologiques de la station Météo France d'Andrézieux-Bouthéon, disponible sur le site Infoclimat et dont les archives sont assez riches et nombreuses.

⚠️ ATTENTION ! L'étude repose sur une station météo implantée en plaine. Elle n'est donc pas forcément révélatrice des secteurs sur les reliefs. 

 

1ère étude : La première étude se base sur le nombre de jour, sur la période 1975/2019, où nous avons observé des valeurs de vent en rafale supérieur à 56 km/h (coup de vent). En visualisant le graphique ci-dessous, la tendance montre clairement une augmentation de ces jours.

 

1975 à 1980 : moyenne de 5,5 jours  / an
1981 à 1990 : moyenne de 11 jours  / an
1991 à 2000 : moyenne de 11,5 jours  / an
2001 à 2010 : moyenne de 23,5 jours  / an
2011 à 2029 : moyenne de 31,2 jours  / an
Concernant les jours où les rafales de vent ont été supérieures ou égales à 100 km/h (stade de tempête), la tendance à l'augmentation est moins flagrante. Toutefois, alors que les années 70, 80 et 90, n'enregistraient aucun jour de tempête (100 km/h), on assiste depuis les années 2010 à une légère augmentation (1 jour minimum), où les rafales sont égales ou dépassent les 100 km/h . 
 
1975 à 1980 : moyenne de 0.16 jours / an
1981 à 1990 : moyenne de 0 jours  / an
1991 à 2000 : moyenne de 0 jours  / an
2001 à 2010 : moyenne de 0,16 jours  / an
2011 à 2019 : 0.88 jours / an

2ème étude : La deuxième étude repose maintenant sur la moyenne du nombre de jours avec vent supérieurs ou égal à 56 km/h par rapport aux moyennes climatiques. Les moyennes climatiques sont calculées sur des périodes de 30 ans et ré-évaluées tous les 10 ans. Pour la période référence 1981/2010, en moyenne, 15 jours de vents supérieurs ou égales à 56 km/h ont été enregistré chaque années. Sur la période 1991/2020, cette moyenne est passée à 22 jours. Là aussi, l'augmentation des moyennes climatiques est bien réelle. 
En ce qui concerne la moyenne du nombre de jour avec vent supérieur ou égal à 100 km/h, la tendance à l'augmentation est flagrante allant de 0,03 jours en moyenne sur la période 1981/2010 à 0,3 jours en moyenne pour la période 1991/2020. Soyons tout de suite honnête, les vents au stade de tempête sont plutôt rare en plaine.

Conclusion : on assiste donc en moyenne depuis les années 2000 à une augmentation des épisodes de coup de vent (> ou égale à 56 km/h), ainsi que des épisodes au stade de tempête (> ou égale à 100 km/h), avec toutefois un nombre moyen de jour relativement faible. Le ressenti de certaines personnes est donc justifié par cette étude statistique.

Que peut t'on en déduire ? Est-ce que cette augmentation est cyclique ? Est-ce dûe au réchauffement climatique ou à d'autres raisons ? Avec le peu de recul, de données et le faite que nous ne soyons pas professionnels, nous ne tirerons pas de conclusion qui pourrait s'avérer trop hâtive et faussées. Le but de cette étude était plutôt de montrer la réalité des choses via des chiffres réels. C'est une occasion pour nous de rappeler que tout évènement "anormal", ou en augmentation, n'est pas forcément à mettre sur le dos du réchauffement climatique. Nous avons vue que le nombre de jours où le stade de tempête atteint sur notre département, est en augmentation. Pourtant, une récente étude de Météo-France a prouvé que le nombre de tempête en France n'était pas en augmentation sur ces dernières années et que si l'on assiste à un nombre de tempête plus important depuis les années 2010, après un creux dans les années 2000, ce nombre était plus important dans les années 80/90. Nous sommes donc plus sur des phases cycliques (voir graphique ci-dessous). Dans l'histoire des tempêtes en France, aucune depuis ces dernières années n'a été aussi puissante que les tempêtes références Lothar et Martin en 1999, ce qui prouve que même en terme, d'intensité, les tempêtes ne sont pas forcément plus puissante avec les années (source : Météo France)



22 FEVRIER - ANALYSE TECHNIQUE & EXPLICATION SUR L'EPISODE DE SABLE DU SAHARA

 

Pour la deuxième fois en deux semaines, notre pays est touché par un épisode de sable du Sahara avec des quantités parfois importante, rendant au ciel un aspect laiteux, brumeux, voire jaunâtre. Nous allons ensemble ci-dessous analyser la situation atmosphérique pour expliquer cet épisode.

 

Avant toutes choses, prenons un petit peu de hauteur et observons les différents centres d'action au cours de la mi-journée de ce 22 février. 

Deux gros centres d'actions sont présents de par et d'autres de notre pays. Une dépression très creuse (955 hPa) au Sud-est du Groënland et un anticyclone (1030 hPa) sur l'Europe centrale. Entre les deux, un thalweg (ex-croissance de bas-géopotentiels) dont les pressions au sol sont de l'ordre de 1020 hPa, s'enfonce sur l'Espagne. La différence de pression entre ce thalweg et l'anticyclone sur l'Europe centrale, provoquent une accélération du flux au secteur Sud, prenant naissance en Afrique du Nord.

En analysant le jet stream (Carte n°1), ce courant d'air soufflant vers 10 000 m d'altitude et séparé deux masses d'air aux températures différentes, on constate qu'il est dynamique et véhicule vers 10 km d'altitude, un vigoureux flux de Sud prenant naissance sur l'Afrique du Nord. Fait d'autant plus intéressant, ce flux de Sud dynamique se répercute sur toute la colonne de ma troposphère (première couche atmosphérique où se déroule l'intégralité des phénomènes météorologiques). La coupe verticale de l'atmosphère prise de Méditerranée à notre département, montre bien l'établissement du vent de Sud du sol vers 11 000 m (Carte n°2). Idem avec as carte de vent à 700 hPa / 3000 m (Carte n°3), qui montre bien l'établissement de ce flux au secteur Sud.


C'est donc à cause de cette situation atmosphérique et ce fort flux de Sud, que des poussières/sables du Sahara ont pu être soufflées et voyager jusque sur notre pays, avec des quantités assez importantes.


Dès la journée du 21 février, l'installation de ce flux de sud aura envoyé des particules sableuses sur la Méditerranée, bien visible sur les images satellites.

Ce n'est véritablement que lundi 22 février que la brume de sable a envahit notre pays avec des quantités importantes. Le ciel n'aura toutefois pas pris de couleur orcre/orangé comme l'épisode du 6 février, à cause d'une couverture nuageuse importante ayant empêché le soleil de briller. Néanmoins, au cours de la matinée et à la faveur de quelques éclaircies, le soleil se distinguait à travers cette épaisse couche de sable située entre 1000 et 3000 m. Le ciel a alors pris un aspect brumeux, laiteux, voire même jaunâtre. 

L'image satellite de la journée (ci-dessous), permet d'observer ce flux de secteur Sud de l'Afrique du Nord jusqu'au Sud des Pays Scandinaves, avec une brume de sable visible par l'aspect "laiteux".

Avec la présence de ces particules fines, la qualité de l'air se sera fortement dégradée avec des niveaux médiocre à mauvais. Le seuil d'information et de recommandation aura été atteint (vigilance jaune) sur le bassin Stéphanois.


15 JANVIER 2021 - EPISODE DE NEIGE DE REDOUX SAMEDI EN FIN DE JOURNEE

 

Un épisode de neige de redoux est attendu samedi en fin de journée et tous au long de la soirée, avec de la neige possiblement jusqu'en plaine, avant un redoux temporaire dans la nuit qui transformera cette neige en pluie.

 

Analyse technique :

 

Samedi matin, un front chaud abordera l'Ouest de notre pays et se décalera vers les régions de l'Est en fin d'après-midi. A l'arrière de ce front chaud, un bref redoux temporaire s'effectuera en altitude. Avec l'air froid antérieur encore présent sur les régions de l'Est de la France, un véritable conflit de masse d'air s'opèrera. C'est à la frontière entre ces deux types de masse d'air différentes que les précipitations se produiront, sous forme de neige dans un premier temps, puis sous forme de pluie.


Chronologie des évènements :

 

Le front chaud abordera notre département en fin de journée/début de soirée (Carte n°1). Au contact de l'air froid encore présent, les précipitations se feront sous forme de neige, jusqu'en plaine. Cette neige pourrait être humide et collante tenant sur les surfaces et nous concerner tous au long de la soirée.

En fin de soirée/début de nuit (chronologie à affiner), un faible redoux temporaire devrait s'effectuer en altitude (Carte n°2 & 3). Il est encore difficile de dire à quelle altitude la limite pluie/neige pourrait remonter, car elle pourrait être très différente à quelques kilomètres près et suivants les versants. Temporairement, nous n'excluons pas une limite vers 1300/1400 m. La pluie pourrait donc remplacer la neige en dessous de ces altitudes, avec possiblement des disparités suivant les secteurs. Attention, en raison de poches d'air froid qui pourraient faire de la résistance en basse couche (Carte n°4) et des températures redevenant positives en altitude, nous n'excluons pas temporairement et localement des pluies verglaçantes à la bascule de la neige vers la pluie.

Très rapidement en milieu de nuit (chronologie à affiner), le front froid de la perturbation traversera notre département (Carte n°5), avec une nouvelle baisse de l'ISO 0°, qui pourrait se situer vers 700/800 m. Les précipitations devraient néanmoins s'estomper en fin de nuit avec seulement quelques averses en matinée de dimanche, vers 800/900 m.

Carte n°1 - Précipitations

Carte n°3 : Température de la masse d'air à 850 hPa (1500 m environ) samedi à 23h00

Carte n°2 : Température de la masse d'air à 850 hPa (1500 m environ) samedi à 09h00

Carte n°4 - Coupe verticale (Température masse d'air du sol vers 3000 m)



Carte n°5 - Type de masse d'air dimanche à 04h00

Attention, la fiabilité est plutôt bonne concernant la chronologie des évènements, mais un doute subsiste, concernant l'intensité du redoux en altitude, sa durée et la résistance où non du froid en basse couche. Le degré de trop ou de moins comme nous avons l'habitude de dire sera déterminant et pourrait changer totalement le type de temps. Le graphique ci dessous montre d'ailleurs la variation très importante de l'ISO 0° au cours de l'épisode, ce qui montre une prévision délicate de la localisation précise des précipitations neigeuses... 

 

Au cours de l'épisode, quelques traces voire 1 à 2 cm seront possibles en plaine, 3 à 5 cm sur les reliefs (localement 10 cm). Cumuls à affiner demain matin.


16 DECEMBRE 2020 - ANALYSE TECHNIQUE POUR LES FETES DE NOËL ET LA FIN DE L'ANNEE

 

Alors que le réveillon de Noël ne devrait vraisemblablement pas se dérouler sous le froid et la neige, un possible changement de temps et un refroidissement est envisageable à partir de Noël et pour la dernière semaine du mois de décembre.

 

* Analyse :

 

À l'échelle hémisphérique, alors que le vortex polaire stratosphérique se porte plutôt bien, le vortex troposphèrique lui, est particulièrement éclaté et malmené. On observe deux gros noyaux distincts, l'un sur le Canada et l'autre du Côté de l'Alaska et Nord Russie. Cet éclatement du vortex polaire, laisse la place à des ondulations du jet stream et des échanges méridiens (Nord/Sud & Sud/Nord) plus favorables, avec des dorsales anticycloniques qui tentent des poussées et des élévations du côté des pôles. Ce type de configuration est propices aux décrochages d'anomalies dépressionnaires et de masses d'air plus froides.

 


À l'échelle européenne, alors que notre cadran Groenland/Scandinavie est plutôt délaissé par ce vortex polaire, les modèles proposent depuis plusieurs jours, la tentative d'une élévation de dorsale sur l'Atlantique, qui pourrait décrocher une masse d'air beaucoup plus froide, avec donc un possible refroidissement en vue, à partir de Noël. Comme les situations hivernales de nos jours demandent une parfaite mécanique, les réglages fins constituent l'élément clé pour une situation plus hivernale parfaite.

 

Ces éléments clés se situent dans l'extension de la dorsale anticyclonique, elle même conditionnée par plusieurs paramètres et notamment l'activité dépressionnaire en sortie de Terre-Neuve. Une activité dépressionnaire trop importante et la dorsale ne pourra pas s'ériger, retombant sur notre pays, avec donc un temps plutôt calme et le retour d'une douceur relative par flux d'Ouest. Une activité dépressionnaire moindre, permettrait à la dorsale de s'élever et de décrocher des masses d'air plus froides sur notre pays. L'élément clé réside donc, entre autres, sur ce paramètre.

 

Les incertitudes sont donc présentes et se matérialisent parfaitement bien par l'écart type qui est élevé au Sud du Groënland et qui montre que la gestion de l'activité dépressionnaire et le conditionnement de l'élévation de la dorsale, est encore mal appréhendé par les modèles numériques.

En se tournant du côté des modèles ensemblistes, notamment celui du modèle américain GEFS (mais c'est aussi le cas pour les autres modèles), les scénarios sont assez dispersés, bien que l'on observe toutefois un tube assez resserré vers les -5° (faisant penser à des scénarios froids plus majoritaires). L'éclatement des scénarios montrent toutefois toute la difficulté de la prévision, qui rappelons-le est encore loin d'être acquise.

 


En conclusion, nous voulions par cet analyse, vous montrez les engrenages complexes de la dynamique atmosphérique et les évolutions possibles du temps pour la fin de l'année.

À ce jour, il est donc bien évidemment impossible de dire si ce refroidissement sera acquis où non, tout comme son intensité, s'il sera durable et s'il se fera sous un temps sec ou humide. Vraisemblablement, à la vue des ensembles, nous nous dirigeons possiblement vers une fin d'année plus froide, qui pourrait se prolonger pour ce début d'année 2021, sans pour autant parler pour le moment de neige.

 

Anomalie de température à 850 hPa pour du 23 au 28 décembre (ensemble GEFS)

Anomalie de température à 850 hPa pour du 24 au 29 décembre (ensemble GEPS)



OCTOBRE 2020 - ANALYSE DE LA TEMPETE EXTRA-TROPICALE BARBARA

 

La France a été touché par sa deuxième tempête de la saison, nommée Barbara. Alors qu'Alex n'avait pas réellement concerné notre département, Barbara elle, aura provoqué des vents tempêtueux.

 

Pourquoi cet épisode de vents violents dans la Loire ? Quelles en sont les causes ? Nous allons dans une analyse à la fois pédagogique et technique, vous expliquer le pourquoi du comment.

 

Prenons tout d'abord de la hauteur et analysons la situation à l'échelle hémisphérique (carte ci-dessous) au matin du 20 octobre. Nous sommes en présence d'un thalweg (creux de basse pression) qui s'enfonce sur l'Atlantique. Au sein de celui-ci, à l'Ouest immédiat de l'Irlande, une dépression assez creuse à 985 hPa se développe. Une crête anticyclonique s'érige de l'Afrique du Nord jusqu'à l'Allemagne et entre les deux, c'est donc un flux de Sud-ouest dynamique qui se met en place sur notre pays, avec un front froid s'étirant du Sud du Portugal, au Nord de la France. À cet instant précis, le flux de Sud commence à s'accélérer, mais Barbara n'est pas encore née.

 

 

Celle-ci va d'ailleurs commencer à se creuser, au sein même du front froid, dont la cyclogénèse (développement de la dépression) va s'effectuer grâce à un gradient de température important, entre l'air froid d'altitude du thalweg et l'air plus doux en aval du thalweg, couplées à une branche de jet (carte jet stream) Sud/Nord-est. Barbara va donc prendre naissance au Sud immédiat du Portugal, avec toutefois une pression pas si importante que cela (995 hPa) et qui va transiter dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 octobre, du Portugal à la Manche, en passant par le Golf de Gascogne.

Ce n'est véritablement que mercredi au petit matin (vers les 5h-6h), que la tempête fait rage sur notre département. Alors pourquoi le vent a soufflé si fort sur la Loire, alors que Barbara n'était pas une dépression explosive avec des basses pressions importantes ? (à l'inverse d'Alex par exemple). 

La réponse se trouve dans ce que l'on appelle, le gradient de pression et le resserrement isobarique (carte pression atmosphérique).

Carte Jet stream

                                                      Carte pression atmosphérique


 

Le gradient de pression est la différence de pression entre deux points (une zone de basses pressions et une zone de hautes pressions). Notre département, lors de la tempête Barbara, a enregistré des pressions de l'ordre de 1010 hPa, ce qui est légèrement dépressionnaire, sans toutefois être important. Toutefois, entre les 992 hPa de Barbara située sur le Golf de Gascogne et les hautes pressions de 1025 hPa sur les pays de l'Europe Central, le gradient de pression à été important, ce qui a provoqué l'accélération du flux du Sud. Rappelons que plus la différence de pression entre deux points est élevée, plus le vent soufflera fort et inversement. Deuxièmement, ce gradient de pression a été mis en évidence par un resserrement, voire même un pincement des isobares. Les isobares sont des lignes d'égales pressions. Plus celles-ci sont resserrées, plus le vent soufflera fort et inversement. Ce resserrement isobarique c'est effectué en plein sur notre département, accentué par des effets locaux comme l'effet Venturi, (carte n°4) accélération du vent dans la vallée du Rhône, canalisé entre le Massif Central d'un côté et les Alpes de l'autre. Le vent a donc pu s'exprimer allègrement avec des rafales tempêtueuse de l'ordre de 100 à 130 km/h sur les reliefs et 80 à 90 km/h (loc 100 km/h) en plaine. Suivant l'échelle de sévérité des tempête, Barbara est classée comme modéré. 



L'absence de l'Hiver 2019/2020 ?

Nous vous proposons un article détaillé et technique concernant le "non hiver" que nous sommes en train de connaître. Quelles en sont les raisons et est ce que l'hiver va finir par arriver, la réponse dans l'article ci-dessous :

 

Situation actuelle :

 

Depuis le mois de décembre, la situation a l'échelle hémisphérique est totalement bloquée. Actuellement, le vortex polaire est très concentré et plutôt puissant aux hautes latitudes entre le Canada, le Groenland et une partie de la Scandinavie. Aux latitudes subtropicales, les hautes pressions dues à l'anticyclone des Açores sont aussi très costaudes. Entre ces deux, c'est le fameux rail perturbé de secteur Ouest qui domine avec une zone barocline (zone perturbée) assez haut en latitude, nous soumettant aux hautes pressions et haut geopotentiel. Dans ce contexte, suivant la limite de la zone barocline, notre pays se retrouve sous les hautes pressions avec une douceur océanique apportant de l'air doux en altitude par flux d'ouest ou de Sud-ouest et des nuages bas ainsi que de la fraîcheur en plaine et vallée. Lorsque cette limite barocline s'abaisse en latitudes et vient se positionner sur notre pays, le jet-stream en forme depuis début décembre favorise le passage de dépressions très creuses évoluant en tempête.

Rappelons que l'Europe de l'Ouest et notamment la France est soumis en majorité à cette influence douce venue de l'Atlantique (climat tempéré) et qu'en soit, ce contexte n'est pas si exceptionnelle que cela. C'est la récurrence et notamment la longévité de cette condition synoptique qui interroge.


Alors faut t-il d'ores et déjà enterrer l'hiver 2019/2020 ?

 

Avant de répondre à cette question, rappelons que l'hiver météorologique s'étend de décembre à février et l'hiver astronomique jusqu'à mi-mars nous avons donc bien le temps de connaître d'ici des épisodes hivernaux.

Toutefois, nous allons nous intéresser à une échéance assez proche à savoir le mois de janvier. Ce deuxième mois d'hiver semble malheureusement verrouillé avec aucune porte de sortie et de perspective hivernale avec la poursuite de cette situation bloquée.

Plusieurs indices vont dans ce sens et soutiennent cette idée.

 

Intéressons-nous tout d'abord à la NAO. La NAO (North Oscillation Atlantique ou Oscillation Nord Atlantique) est un indice et paramètre atmosphérique qui quantifie la différence de pression atmosphérique entre l'anticyclone des Açores et la dépression islandaise. Une NAO peut être positive ou négative. Lorsque la NAO est positive, on observe des basses pressions aux hautes latitudes et des hautes pressions aux latitudes subtropicales (situation actuelle). Le temps est généralement soumis à un rail perturbé venant de l'Atlantique avec des hautes latitudes verrouillée. En France, ce flux océanique apporte douceur et plus ou moins delà pluie si la limite barocline (rail perturbé) se situe en plein sur notre pays.

Une NAO négative à l'inverse augure de hautes pressions aux hautes latitudes et des basses pressions aux latitudes subtropicales. Dans ce contexte, les vents d'ouest ralentissent, le jet-stream s'essouffle et peut favoriser des échanges méridiens (flux Nord/Sud ou Sud/Nord) pouvant faire glisser des masses d'air froides et apporter de la neige sur notre pays. Les dépressions circulent plus au Sud et en générale sur le bassin méditerranéen.

En observant le graphique de la NAO sur le mois de janvier, les perspectives pour des conditions hivernales ne sont pas optimistes avec la poursuite d'une NAO+.

Autres paramètres à prendre en compte pouvant nous apporter des indices, c'est l'AO (Arctic Oscillation ou Oscillation Arctique). L'AO est comme la NAO, c'est un indice atmosphérique qui quantifie la différence de pression, mais cette fois-ci aux latitudes Arctique (entre 20°N et 60°N). L'AO peut aussi être positif et négatif. Pour faire simple lorsque l'on a une AO positive, les régions Arctique sont dominées par des basses pressions. Lorsque L'AO est négatif, les régions arctiques sont dominées par des hautes pressions.

En observant le graphique de l'AO pour ce mois de Janvier, celui ci devrait continuer d'être dans le positif empêchant toutes velléité hivernale.

Les indices AO et NAO ne sont pas les seuls indices à prendre en compte pour tenter une prévision à long terme, mais ils sont un paramètre important à prendre en compte

 

Tant que cette NAO et AO resteront dans le positif, les hautes latitudes seront verrouillées par les basses pressions empêchant un ralentissement du jet-stream et la possibilité d'élévation de crêtes anticycloniques aux hautes latitudes, pouvant favoriser des échanges méridiens et par conséquent de possible coulée polaire sur notre pays. Le vortex polaire étant mal positionné et très compacte il ne favorise pas non plus des chances de voir des conditions hivernales sur le pays.

Pour aller plus loin, voici ci dessous le diagramme de l'ensembliste GEFS qui représente tous les scénarios du modèles ensemblistes GEFS en terme de température à 500 hPa (5000 m) et 850 hPa (1500 m). La courbe rouge représente la moyenne de tous ces scénarios. En visualisant cette courbe, on s'aperçoit que la température aussi bien en altitude que dans les moyenne couche ne passe même pas en dessous de 0°. Pour espérer des conditions hivernales jusqu'en plaine, les températures doivent plonger à -5 voir -10°.

A partir du 1 janvier, les scénarios sont très éclatés par rapport à la moyenne ce qui montre la faible fiabilité des prévisions (rien de plus logique). Néanmoins et vous l'aurez compris aucun paramètre n'est pour le moment en faveur de conditions hivernales à plus ou moins long terme. Il va falloir être patient et guetter une possible porte de sortie dans les prochaines semaines.